Depuis 1985, il est question, pour l’élimination des déchets, d’une solution miracle : l’incinération. Le discours n’a pas changé : le tri, d’accord, mais aussi voire surtout l’incinération. Pour faire accepter cette dernière, elle est parée de toutes les vertus : elle valorise les déchets, elle produit de la vapeur, de l’électricité, les déchets ultimes sont valorisés (eux aussi) dans des sites d’enfouissement ou pour la construction de routes …
C’est aller un peu vite car “on” oublie souvent que pour incinérer des déchets, il faut que ceux-ci ne soient pas … triés. En effet, si les déchets sont triés convenablement, c’est à dire totalement, il n’y a plus rien à brûler. Et le tri complet est possible, il suffit de le vouloir par l’incitation : faire payer les usagers au nombre de ramassages ou encore mieux au poids. Cette dernière solution n’est jamais évoquée et pourtant elle a fait ses preuves : moins on produit de déchets (dans les sacs gris), moins on paie, ce qui est vraiment incitatif.
On oublie aussi que si un incinérateur existe, il faut qu’il brûle des déchets : est-ce une rumeur, qui dit que des sacs jaunes (consacrés au tri) se retrouvent dans l’incinérateur ?
Et on laisse de coté le fait que les fumées sont toxiques. Certes, des filtres existent, mais ils ne sont pas efficaces à 100 % : la pollution est mesurée, des chiffres officiels sont là pour le prouver. Ils sont bas, respectent les normes ? La belle affaire ! Les chiffres s’ajoutent et les polluants s’accumulent au fil des années. On en retrouve la trace dans les sols, dans l’eau des ruisseaux … et l’eau potable. C’est le cas prés de l’incinérateur de St Benoît la Forêt, près de l’hôpital … sujet aux mauvaises odeurs et aux rejets de cendres.
Quant aux filtres, une fois qu’ils sont saturés, il faut aussi les éliminer … pardon, ils sont va-lo-ri-sés, en site de stockage. Et quand ceux-ci sont pleins, que fait-on ? On en trouve d’autres !
Revenons sur la production de vapeur : en réunion publique le 11 juillet à Chinon, il a été dit qu’elle sera (serait !) distribuée via un réseau de chaleur : comment croire à cet argument, quand on sait que pour cela, il faut la transporter. Quelle que soit la distance, il y aurait de la perte en ligne, tout comme pour l’électricité.
Tous ces arguments ne semblent pas malheureusement ébranler les certitudes des partisans de l’incinération … Les personnes ont changé depuis quarante ans, mais les mauvais arguments sont encore là.
Est-ce que c’est pour cela que les objectifs de tri sont si peu optimistes, à l’horizon 2030 ?
Que dire de cette consultation ? L’avis des opposants sera-t- il pris en compte, seront-ils entendus ? En réunion publique, l’impression était plutôt que si nous pouvions nous exprimer, c’était sans espoir de l’être, d’assister à une réunion à sens unique.
Et si Touraine Propre organisait un référendum ?
Nous vous remercions pour votre contribution à la concertation “Cap 2030 : vers une Touraine propre”.
L’ensemble de vos commentaires et suggestions va être étudié dans le cadre de la révision du programme départemental de prévention des déchets ménagers et assimilés (PLPDMA) et de la stratégie de traitement et de valorisation. Le bilan de cette concertation sera rendu public à la mi-octobre 2024.
Nous vous remercions pour votre contribution. Veuillez trouver ci-dessous un complément de réponse du Groupement du Sud tourangeau.
Merci pour cette contribution, vous trouverez ci-dessous les réponses du groupement du Sud tourangeau, maître d’ouvrage de cette concertation.
Le SMICTOM du Chinonais, ses collectivités adhérentes et partenaires œuvrent depuis de nombreuses années pour le respect de la hiérarchie des modes de traitement. Vous trouverez ci-dessous quelques exemples :
– Une étude de mise en place du tri à la source des biodéchets a été réalisée par le SMICTOM et ses collectivités adhérentes fin 2023/début 2024. Elle a mis en évidence l’efficacité du maillage de composteurs collectifs existant ainsi que la nécessité de prioriser l’installation de zones de compostage collectif selon une cartographie établie, ceci afin que tous les usagers puissent bénéficier d’une solution de tri à la source. Un plan de déploiement est en cours d’élaboration avec le CPIE et les communes concernées. L’objectif est d’intensifier ce déploiement afin de faire perdurer l’excellente dynamique de réduction constatée dernièrement (-33% de biodéchets dans les sacs noirs au premier semestre 2024 par rapport au second semestre 2022); dynamique de réduction directement liée à la politique ambitieuse du SMICTOM et de ses collectivités adhérentes.
– Une stratégie similaire d’intensification a été entreprise, pour les composteurs individuels, au début de l’année 2024, afin de doter un maximum de foyer dans les meilleurs délais. Le prix de vente des composteurs a été harmonisé sur l’ensemble du territoire du SMICTOM et abaissé au tarif unique de 10 € pièce.
– Le SMICTOM étudie avec attention tout projet de ressourcerie qui lui est présenté.
– Nous souhaitions également vous rappeler que les zones de réemploi et matériauthèques seront prochainement installées dans l’ensemble des déchèteries du territoire.
– Des réflexions doivent être menées prochainement au sujet de la tarification incitative entre le SMICTOM et ses communautés de communes adhérentes.
– …
Nous souhaitions vous rappeler que le dimensionnement global des projets d’UVE est établi sur la base des quantités de déchets ménagers et d’activités économiques à traiter et prend en considération les objectifs de réduction des déchets fixés par le SRADDET et le PLPDMA. PLPDMA que le SMICTOM du Chinonais, ses collectivités adhérentes et partenaires s’engagent à déployer dès son adoption.
Concernant vos interrogations sur la dangerosité des UVE :
Les contrôles règlementaires d’émissions atmosphériques des fumées sont effectués, par des organismes accrédités, à des fréquences définies et fixées par la législation. Les retombées atmosphériques à proximité du site sont également mesurées et contrôlées. Les résultats sont conformes aux attentes réglementaires.
L’incinération est le mode de traitement, de par sa mission même de service public de réduction du volume des déchets, de leur hygiénisation et de leur valorisation sous forme énergétique, le plus encadré avec des normes de rejet extrêmement drastiques.
Ces mesures restrictives ont encore évolué récemment avec la dernière révision du guide des Meilleures Techniques, disponible au niveau de l’Union Européenne, qui a poussé, une nouvelle fois, à la diminution des Valeurs Limites à l’Emission (VLE) en sortie d’usine d’incinération pour les nouvelles installations.
Pour les fumées, par exemple, une quinzaine de paramètres ou de substances doivent être mesurés et analysés pour l’essentiel en continu : poussières, carbone organique total, chlorure d’hydrogène, fluorure d’hydrogène, dioxyde de soufre, oxydes d’azote, monoxyde de carbone, vapeur d’eau, mercure, dioxines…
Enfin, nous vous confirmons que les sacs jaunes ne sont pas incinérés mais bien collectés, massifiés, transférés et triés sur une installation de tri performante, inaugurée en avril dernier, à Parcay Meslay.