Le Collectif Chinonais Environnement et plusieurs associations – la SEPANT, Zéro Déchet Touraine, les Vers de Tours et le Réseau Composte Citoyen – ont organisé à Chinon le 29 mai 2024 une réunion d’échanges citoyens/association sur le thème “Les déchets en question – Les éviter ? Les réduire ? Les incinérer ?”
71 personnes ont participé à cette réunion qui avait pour enjeu de partager des informations et d’émettre des questions et des propositions utiles pour la concertation CAP2030, selon 4 ateliers thématiques :
– Atelier compostage : Les biodéchets sont une ressource.
Plusieurs constats et nécessités d’évolution concernant la prise en charge du dispositif par le SMICTOM:
– manque évident d’une information en continu qui permette de comprendre comment réaliser son compost et à quoi cela sert. Il est nécessaire d’avoir de véritables maitres-composteurs comme interlocuteurs ;
– manque d’un grand nombre de composteurs collectifs dans l’espace public et d’une information précise de leur localisation. Le compost qui en est issu doit être collecté par la collectivité et non laissé à l’abandon. Les habitants doivent être informés de sa destination, de façon à ce qu’ils comprennent le sens de leurs actes citoyens et soient informés de la chaine vertueuse à laquelle ils participent ;
– les besoins exprimés ou non des copropriétés ne sont pas réellement pris en compte par la Collectivité.
– Atelier Ressourcerie
Dans le Chinonais, l’attente des citoyens pour une ressourcerie s’exprime pour différentes raisons : sensibiliser les consommateurs à la réduction des déchets, donner une 2ème vie aux objets, créer du lien social.
Les participants s’interrogent sur le fonctionnement des zones de réemploi annoncées dans les futures déchèteries qui n’ont pas de vocation de sensibilisation des habitants.
L’atelier s’est questionné sur le « portage » d’une ressourcerie par des bénévoles, des collectifs engagés, et sur la nécessité de collaboration avec les collectivités locales en particulier pour le local. Une ressourcerie peut-elle se mettre en place sans adhésion des élus ?
– Atelier tarification incitative – “Je ne savais pas que la collecte et la gestion des déchets coûtaient plus de 110 euros par an par habitant !”-
Quelques pistes pour une mise en place d’une Tarification incitative réussie :
− Un portage politique total et unanime notamment dans les conseils municipaux et intercommunaux.
− Moyens humains pour communication et gestion comptable et financière.
− Construction de la grille tarifaire grâce à la concertation et la mobilisation des relais et parties prenantes.
− Une période test pas trop longue, un an environ où les habitants reçoivent 1 facture semestrielle à blanc
− Pour Elus et Smictom prendre le temps de communiquer lors de réunions publiques dans les communes, expliquer aux habitants qu’on les emmène vers du positif et non une galère. Constat de l’Ademe 2018 : « 70% des usagers en tarification incitative sont favorables au dispositif (ménages comme entreprises) »
− Etre prêt à gérer les relations avec les usagers après une 1ère facturation et savoir répondre aux interrogations.
− Une communication continue, avant pendant et après.
Questions, remarques : comment faire pour des personnes âgées qui ne sauraient pas trier ? Les couches pour enfants et personnes âgées doivent-elle rester dans dans la poubelle noire ?
– Atelier Incinération
Les points soulevés :
− L’incinération élimine des ressources
− Les filtres ne sont pas efficaces
− Il y a dispersion de polluants (dioxine, ..)
− Quels sont les effets sur la santé ?
− Que deviennent les PFAS ?
− Il y a des surcapacités régionales (Lasse et Blois)
− Les transports sont-ils pris en compte ?
− Le montant de l’ensemble des investissements est inconnu
− Les industriels on tendance à surdimensionner les installations et n’assument pas les risques en final
− L’ASPIE affirme avoir la preuve des retombées de dioxine par leur présence dans l’eau de l’hôpital
− L’incinérateur de Saint Benoît a consommé 10 880 litres de fuel en 2020
− Y-a t-il des études épidémiologiques autour de l’incinérateur ?
− Quelle alternative à l’incinération ?
− L’incinérateur est-il vraiment en fin de vie ?
− Où vont les déchets industriels ?
− La prévention est insuffisante
− Qui financera le réseau de chaleur ?
− Manque de transparence des coûts
− Vu la faible diminution des déchets dans le temps, quelle est la bonne solution ?
Merci pour cette contribution, vous trouverez ci-dessous les réponses du groupement du Sud tourangeau, maître d’ouvrage de cette concertation.
Nous vous remercions pour votre contribution. En réponse à vos sollicitations :
– Atelier compostage :
Une étude de mise en place du tri à la source des biodéchets a été réalisée par le SMICTOM et ses collectivités adhérentes fin 2023/début 2024. Elle a mis en évidence l’efficacité du maillage de composteurs collectifs existant ainsi que la nécessité de prioriser l’installation de zones de compostage collectif selon une cartographie établie, ceci afin que tous les usagers puissent bénéficier d’une solution de tri à la source. Un plan de déploiement est en cours d’élaboration avec le CPIE et les communes concernées. L’objectif est d’intensifier ce déploiement afin de faire perdurer l’excellente dynamique de réduction constatée dernièrement (-33% de biodéchets dans les sacs noirs au premier semestre 2024 par rapport au second semestre 2022); dynamique de réduction directement liée à la politique ambitieuse du SMICTOM et de ses collectivités adhérentes.
Une stratégie similaire d’intensification a été entreprise, pour les composteurs individuels, au début de l’année 2024, afin de doter un maximum de foyer dans les meilleurs délais. Le prix de vente des composteurs a été harmonisé sur l’ensemble du territoire du SMICTOM et abaissé au tarif unique de 10 € pièce.
Enfin concernant la formation et le manque d’explications, le SMICTOM forme actuellement certains des agents pour obtenir la compétence de guide composteur et de maitre composteur. Des webinaires et animations publics sont également en préparation et seront prochainement organisés pour accompagner les usagers dans la gestion de leur compost et pour transmettre un maximum d’informations sur le sujet.
– Atelier ressourcerie :
Le SMICTOM étudiera avec attention tout projet de ressourcerie qui lui sera présenté.
Nous souhaitions cependant vous rappeler que les zones de réemploi sont obligatoires en déchèterie. Elles ont bien vocation à sensibiliser en favorisant l’application par les citoyens, de la hiérarchie des modes de traitement.
– Tarification incitative :
Des réflexions doivent être menées prochainement sur ce sujet entre le SMICTOM et ses communautés de communes adhérentes.
– Atelier incinération :
Nous souhaitions vous rappeler que le dimensionnement global des projets d’UVE est établi sur la base des quantités de déchets ménagers et d’activités économiques à traiter et prend en considération les objectifs de réduction des déchets fixés par le SRADDET et le PLPDMA.
Concernant vos interrogations sur la dangerosité des UVE :
Les contrôles règlementaires d’émissions atmosphériques des fumées sont effectués, par des organismes accrédités, à des fréquences définies et fixées par la législation. Les retombées atmosphériques à proximité du site sont également mesurées et contrôlées. Les résultats sont conformes aux attentes réglementaires.
L’incinération est le mode de traitement, de par sa mission même de service public de réduction du volume des déchets, de leur hygiénisation et de leur valorisation sous forme énergétique, le plus encadré avec des normes de rejet extrêmement drastiques.
Ces mesures restrictives ont encore évolué récemment avec la dernière révision du guide des Meilleures Techniques, disponible au niveau de l’Union Européenne, qui a poussé une nouvelle fois à la diminution des Valeurs Limites à l’Emission (VLE) en sortie d’usine d’incinération pour les nouvelles installations.
Pour les fumées, par exemple, une quinzaine de paramètres ou de substances doivent être mesurés et analysés pour l’essentiel en continu : poussières, carbone organique total, chlorure d’hydrogène, fluorure d’hydrogène, dioxyde de soufre, oxydes d’azote, monoxyde de carbone, vapeur d’eau, mercure, dioxines…